jeudi 2 juin 2011

Dans la nature jusqu'au cou

                                     Kangirsuk                                            Montréal


Lever du soleil :               3h28 (Quoi!)                                    5h09

Coucher du soleil :           21h48                                              20h36



Beaucoup de belles choses ces derniers jours.

Nous sommes bien occupés à l’école, les projets se terminent, les soirées spéciales se multiplient. Un spectacle magnifique de marionnettes et masques la semaine dernière. Magique de voir le travail qu’ont fait les élèves avec l’artiste marionnettiste Clea Minaker, chouette fille ayant notamment fait des projections pour les spectacles de Feist et l’événement de Patrick Watson au jazz il y a deux ans. C’est d’ailleurs sur une pièce de cet artiste que le spectacle s’est terminé, sur une chorégraphie libre de poissons…



Cette semaine, c’est une cérémonie de reconnaissance à laquelle a été conviée la communauté. Laura, une collègue, a eu l’idée de féliciter un habitant de Kangirsuk qui a fait preuve de courage en sauvant un de ses amis d’une noyade (il est d’ailleurs candidat au prix du Gouverneur général). D’autres gens ont été félicités, notamment un homme qui a sauvé une fillette s’étant fait mordre par des chiens à l’automne ou encore, Minnie, élève du secondaire ayant participé à la course de traîneaux à chiens cette année. C’était touchant de voir la communauté réunie, dans la fierté. Tommy, notre directeur de centre, a d’ailleurs mentionné qu’il était bon d’être tous ensemble pour une autre cause que des funérailles.

Personnellement, mon moment fort de la soirée a été la projection du petit film qu’a réalisé Nicolas sur le projet Québec Roots. C’était très émouvant de voir son film vu par la communauté qui a semblé bien apprécier.



La classe

J’ai certainement une classe fantastique, mais la fin d’année est espérée de plus en plus. La fatigue est là, d’autant plus qu’on est dans la période des examens, période qui n’est pas des plus stimulantes! Je profite des petits moments libres pour sortir de la routine, comme notamment la semaine dernière. La professeure de religion étant absente, et le temps brumeux et doux attirant, j’ai décidé d’aller marcher avec mes élèves. Beau de les voir courir dans la toundra, entre les rochers. « Fais attention Marie! Nous on est habitués, pas toi! ». Que d’attentions! La vue était sublime, les montagnes émergeant des brumes, les glaces cédant de plus en plus d’espaces à la rivière, les outardes qui survolaient les lieux et même, des chasseurs se dirigeant en motoneige jusqu’à la jonction de l’eau et de la glace, pour y troquer le véhicule pour un canot afin d’aller à la chasse au phoque. Moment fort qui m’a fait verser une petite larme, à l’écart, observant les élèves avec bonheur, me disant que j’étais atterrie dans un magnifique village avec des enfants adorables.


Une envie spontanée de marcher tous main dans la main...c'que je les aime ces élèves!!!


Les filles fabriquent un inuksuk

La nature

Des moments aussi forts allaient avoir lieu samedi, date à laquelle une invitation à aller à la pêche a été lancée. Tous les profs y étaient invités, mais c’est notre petit groupe de profs francophones qui a répondu à l’appel. Il faut dire que j’ai des collègues assez hots! Plusieurs ont des motoneiges et partent en expédition la fin de semaine. Ils n’ont pas froid aux yeux et aiment l’aventure. Bien que je sois plus casanière, pour ne pas dire mémère, je ne pouvais refuser cette occasion d’aller explorer la région, de sortir du village, d’autant plus que je serais sur la même motoneige que Tommy, Ranger par excellence!



Réveil à 7h00 samedi matin, lunchs, 4 couches de vêtements malgré les températures avoisinant les 0 degré celcius. Le départ a finalement eu lieu à 10h00, par une journée magnifique, avec une neige granuleuse et mouillée au sol. Moi, c’était facile, faisant ma princesse dans le qamutik (traîneau), en tête de peloton. Une fois habituée à l’odeur de gaz et à la neige qui m’éclaboussait, je n’avais plus qu’à admirer le paysage et à me faire chauffer le visage au soleil. Mes collègues devaient fournir plus d’énergie à suivre Tommy dans cette neige qui rendait la conduite plus difficile. Le temps doux ayant fait fondre la glace à quelques endroits, ils devaient être des plus concentrés pour éviter les mauvaises surprises. Nous sommes les premiers à avoir renfoncés dans l’eau et c’était beaucoup moins épeurant que je ne m’y attendais. Il faut dire que ce n’est que la couche supérieure de la glace qui avait fondu, donc peu de risques, contrairement aux craintes que j’avais…Sort la pelle, pousse le qamutik, on réussi t à repartir pour environ un trajet d’une heure trente avant d’arriver au premier lieu de pêche. Mon ambition : pêcher le premier poisson! Les hommes font les trous, on se prend une canne, on choisit notre trou, on se penche au-dessus de l’eau translucide et on voit passer les poissons! J’ai été la deuxième à sentir une pression sur ma ligne et c’est mon collègue Jean-Noël qui m’a aidé à décrocher et à arranger la bête (à vrai dire, c’est lui qui a fait seul ces 2 étapes!). J’espérais apprendre ces choses lors de mes pêches suivantes, mais la chance du débutant ne s’est pas répétée. Nicolas a du apprendre la chanson inuktitute pour attirer les poissons et attendre 18h00 pour attraper sa première omble arctique.


J'attends le souper

Volée d'outardes au-dessus de la belle Laura



On guette la bête



Ce fut une des plus belles journées depuis mon arrivée ici. La nature, les amis, le partage avec les inuits, l’aventure! Mes meilleurs moments de la journée :

- Le partage du repas de poissons fraîchement pêchés en plein milieu de la rivière glacée.

- Le trajet en zig zag au milieu des rivières, des montagnes, avec les outardes qui nous survolaient.

- Les aventures de sauvetage de la motoneige de Marc-André et Laura et celle de Zebedee, enlisées dans l’eau. Fou de voir ce dernier sortir sa motoneige prise dans l’eau et la glace sur une vingtaine de mètres, tel une motomarine. On constate qu’ils vivent ces aventures assez souvent, qu’ils savent quoi faire, et que moi, dans pareille situation, je serais bien perdue! Adrénaline à fond!

- Le retour au village, passé 23h00 et toujours ce ciel illuminé des lueurs du soleil couchant.

- Le repas d’œufs et de bines à minuit trente, fourbus et fatigués de notre aventure, fraîchement douchés, si heureux à l'idée d'aller retrouver notre lit! Quel bonheur après une journée en plein air.


La princesse dans son traîneau


Le lendemain, c’est une autre première qui nous attendait : le déplumage des outardes! Nous nous sommes rendus chez notre collègue Mariève afin de donner un coup de main à cette tâche plus longue qu’ardue! À ma première tentative pour arracher les plumes, je ressemblais à une Paris Hilton fraîchement débarquée à la campagne. « Yark! Je ne peux pas! ». Les amis m’ont encouragée, j’ai pris mon temps, et finalement, je me suis désensibilisée et j’ai réussi à faire ça comme un vieux chasseur d’expérience. Bon, je ne suis pas encore rendue à les vider, mais, une étape à la fois! Lundi, mon amoureux nous a préparé un bon braisé de cette viande sauvage et c’était réellement délicieux!

Je termine ce billet par les photos de ces aventures nordiques hors du commun (à suivre...tannée du délai de téléchargement des photos). Un peu plus de 2 semaines à faire avant notre retour. Malheureusement, Nicolas doit partir pour Montréal un peu plus tôt puisque sa grand-maman adorée nous a quittés cette semaine.

Bonne semaine à vous! De mon côté, je soigne mes plaies, c’est-à-dire, une bonne brûlure sur l’aile droite du nez qui a occasionné une bosse rouge rappelant Cyrano. Le soleil du nord ne peut se passer de crème solaire…leçon bien enregistrée.

1 commentaire:

Francs a dit…

Wow! Je suis content que vous soyez enfin sortis du village! Profitez de ces instants qui vous sont offerts...