Bonjour à vous tous,
Bon, après plusieurs heures à vous faire un petit montage d’une entrevue que j’ai réalisée il y a deux semaines avec Minnie Annahatak, une étudiante au cégep de Marie-Victorin venue passée le congé de Noël dans son village natal, ne voici-t-il pas que la technologie me fait défaut… Alors je vous résume dans ses grandes lignes cette entretien que j’ai eu avec cette jeune Inuk de 19 ans, tout en sacrant dans mon for intérieur à propos de cet ! »/$%?&*()_+ de Windows Media player de m…
Minnie est la sœur de Benjamin, qui est prof de gym à l’école à temps partiel, avec les plus jeunes. Elle étudie à Montréal, au cégep Marie-Victorin, en Business Administration et elle voudrait aussi faire une spécialisation en tourisme par la suite. Son frère Joseph Jr est lui aussi étudiant, en cinéma ou en comm, à John Abbott. Benjamin, qui parle très bien français (vous ai-je déjà parlé de lui?) a aussi complété les deux tiers de sa formation collégiale, avant de revenir ici.
J’ai interviewé Minnie dans la langue avec laquelle elle est le plus à l’aise, soit l’anglais, même si elle étudie en français… En fait, pour le moment, elle est dans une classe d’intégration pour les Inuit, ce qui fait qu’elle n’a pas encore commencé ses cours au niveau collégial à proprement parler… Si j’ai bien compris, il s’agit d’une sorte de mise à niveau qui lui permettra de vivre une transition plus douce lorsque « les choses sérieuses » débuteront, l’an prochain. Il est donc difficile pour l’instant d’avoir ses impressions à propos du cégep à proprement parler.
Il faut savoir que Minnie a échoué un test visant à déterminer si elle était apte à aller directement au cégep, lorsqu’elle était en secondaire 5 (et enceinte). Ce qui fait qu’elle a dû aller faire l’équivalent d’un secondaire 6 à Kangiqsujuaq (anciennement Wakeham Bay) l’an dernier, avant de se taper une autre année de transition en ce moment. Ce qui fait qu’elle a maintenant l’impression d’avoir perdu deux ans, et elle s’apprête ainsi à commencer son cégep à 19 ans, soit à l’âge où plusieurs le terminent.
Minnie semble bien déterminée à compléter ses études au collège, voire même à aller à l’université. Elle voudrait, une fois de retour à Kangirsuk, démarrer une entreprise touristique qui se spécialiserait dans l’organisation d’activités sportives, notamment du paraski.
Elle constate cependant l’écart qu’il y a entre le niveau académique au secondaire et celui au Sud, son séjour à Wakeham Bay pouvant être qualifié de « pépère », dans le sens où ce n’était pas suffisamment difficile à son goût, du moins en comparaison de ce qui est attendu d’elle cette année. Minnie est aussi critique du laxisme des enseignants ici, qui ne donnent pas de devoirs aux élèves et ne seraient pas assez sévères... Vaste sujet, dont je vous ai déjà parlé il me semble… Un commentaire que j’avais d'ailleurs déjà lu dans le journal du Nunavut-Nunavik, ce qui me donne l’occasion de vous en donner le lien :
http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/121010_nunavut_students_want_tough_discipline/
Minnie souligne cependant aussi que les élèves eux-mêmes, qui refusent de travailler ou même de venir à l’école secondaire, sont aussi à blâmer pour l’abaissement du niveau académique général, d’autant plus qu’ils entraînent souvent la classe vers le bas, privant ceux qui veulent apprendre (comme Minnie) d’une éducation plus relevée. Elle pointe aussi en direction des parents qui, souvent, ne poussent pas assez leurs enfants à étudier.
À Montréal, Minnie vit avec son copain dans un appartement subventionné par la commission scolaire Kativik. Les frais de scolarité sont aussi à la charge de Kativik, qui donne à chaque étudiant une allocation de 300 $ par quinzaine. Les parents de Minnie l’aident à boucler les fins de mois, et durant ses vacances, à Kangirsuk, elle a travaillé à la radio communautaire, ce qui lui a assuré un revenu d’appoint. Car la radio ici, c’est du sérieux ! Beaucoup de gens téléphonent et racontent des histoires, que nous ne pouvons malheureusement comprendre. Il y a aussi du bon country en inuktitut !
Bref, la commission scolaire appuie grandement ceux qui veulent faire des études supérieures. À Marie-Vic, ils sont une dizaine cette année, et probablement plus du côté anglophone. Le frère de Minnie, d’ailleurs, a commencé par étudier en français avant de changer de collège.
J’espère que je pourrai, par l’intervention du Saint-Esprit de la technologie, vous faire parvenir des extraits de cette entrevue.
Je vous écrirai aussi bientôt un autre billet plus historique et politique à propos du processus d’émancipation politique des Inuit du Nunavik.
À suivre donc !
Nicolas XX
4 commentaires:
BRAVO NICO,
Enfin tu te décides à écrire tes impressions en quelques paragraphes. Tu écris super bien, tu devrais le faire plus souvent....est-ce une résolution pour 2011????
J'ai bien hâte de voir de mes propres yeux ces super beaux paysages.
Bonne semaine à vous deux XXX
Je suis captivée. J'implore tous les saints de la technologie (oui ils existent) afin qu'ils réaniment ta vidéo...
Merci Nico, vivement le prochain!
Très intéressant mon beau toupet ! Je t'envoie des ondes (hertziennes) positives pour que ton matos finisse par bien fonctionner car, comme l'a si bien énoncé un grand philosophie contemporain, "l'équipement, c'est l'agrément."
Nic
Alors vieux, au risque de simplifier tes pensées... tu fais quoi? Tu augmentes les demandes et la discipline pour aider Minnie, et par le fait même poursuit l'entreprise d'acculturation qui te tracasse, ou tu dis a Minnie qu'elle devrait être fière de son héritage...
Je me sens taquin ce matin ;)
J'essaye de trouver un bon temps pour rejoindre le nord avec mon super cell... passe le bonjour a Marie et habillez vous bien!
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