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lundi 21 mars 2011

Ça se termine en beauté!

En ce lundi matin, je vous écris du confort de ma salle à manger, en pyjama, sirotant mon café! Aaaaahhh...la belle vie de vacanciers! Une semaine juste à nous! Le soleil, comme presque tous les jours, brille de tous ses feux, illuminant la baie toute blanche et gelée. Il fait toujours dans les -20, mais contrairement à ce que je croyais, les températures au-dessus de zéro de la métropole ne me font pas envie. Je préfère la blancheur et la pureté à la slush printanière urbaine.




Des regrets? ...naaaaan!

La dernière semaine en classe a filé à toute vitesse, dans le bonheur, l'apprentissage et la rigueur, oui, oui, la rigueur. En ce début de dernière étape, j'ai guidé les élèves dans une réflexion sur leurs forces et leurs défis. Premièrement, nous avons analysé leur bulletin ensemble, ciblé leurs matières fortes et faibles, relevé leurs jours d'absence. Le niveau de français permet maintenant ce genre de discussions. Certains ont semblé étonnés de constater qu'ils avaient manqué entre 30 et 45 jours d'école sur 60. Heureusement, la majorité n'a manqué qu'une ou deux journées durant l'étape. Le défi de ces élèves "flocons" est évidemment une assiduité plus élevée. J'ai eu la chance de rencontrer leurs parents à la rencontre de remise des bulletins où j'ai tenté de faire passer mon message.

La maman de mon élève le plus absent, celui qui a 13 ans et qui joue au hockey, ne parlant que l'inuktitut, ne s'était jamais présentée à une rencontre. J'ai appris dernièrement qu'elle était la concierge faisant le ménage tous les soirs dans ma classe! J'ai donc assemblé mes notions de base d'inuktitut, et je me suis dirigée vers elle, avec le bulletin et le relevé d'absence.

-"Anahana Bobby ouiouiktitut?" (traduction libre: maman de Bobby en français?)
-"En!" (oui!)
- Bobby no school (graphique des absences à l'appui). Very intelligent but - signe de decrescendo- no school, he forgets the ouiouiktitut.

Dans un anglais approximatif (tout comme le mien!), sa mère m'a fait comprendre qu'il aimerait changer de classe et aller en anglais. Évidemment, ses amis sont dans cette classe. Elle m'a dit que Bobby avait de la difficulté à prononcer les mots de français, chose que je n'ai pas remarquée, en 7 mois d'école! Je lui ai dit que l'an prochain, en passant en 6e, il serait jumelé à la classe de secondaire 1.1 et ainsi, retrouverait certains de ses amis, ce qui a semblé la satisfaire.

J'ai également discuté avec Bobby, qui m'a encore une fois, promis de venir plus souvent à l'école. Ma collègue Mariève a eu l'excellente idée de le jumeler à la classe de 6e année une fois par semaine, pour le préparer au changement de classe, mais surtout, pour lui montrer que nous comprenons son ennui avec les plus petits...
On verra, on verra!

Encore une fois, cette rencontre de parents a été un beau moment de partage et de discussions. La très grande majorité des parents s'est présentée. Ce sont surtout les mamans qui sont venues. Un père est venu puisque sa femme était partie en voyage d'affaires. Il s'est fait un devoir de retranscrire ce que nous lui disions pour le répéter à sa femme. Un couple s'est également présenté. J'étais heureuse puisque ces parents n'étaient pas venus à la 1ère rencontre. Ce sont les parents de mon élève le plus actif pour ne pas dire, hyperactif. J'avais de bonnes nouvelles pour eux, puisque cet enfant est beaucoup plus calme qu'en début d'année. De plus, il réussit assez bien en français et est le luron de la classe. J'ai perçu beaucoup de fierté dans les yeux de ses parents qui m'ont dit qu'ils commençaient à penser que leur fils n'apprendrait jamais le français, après les années difficiles en classe qu'il a vécues. Enfin! Ils entendaient du positif! La maman s'est reconnue dans les difficultés en mathématique de son enfant, elle-même en ayant arraché dans cette matière. Ils ont été très ouverts lorsque je leur ai dit que leur fils manquait un peu trop d'école et ils se sont engagés à aider leur fils à se lever le matin!

Je suis confiante que les 3 derniers mois d'école se dérouleront bien. Les élèves semblent très motivés à profiter de ces mois pour continuer de progresser. De plus, au lendemain et surlendemain de la rencontre des parents, tous mes élèves se sont présentés en classe et ce, dès 9 heures. J'en ressens beaucoup de joie et de fierté!

J'avais prévu les amener chez moi vendredi après-midi pour les récompenser avec un gros snack et un film, mais la pompe à eau de l'école s'est brisée, obligeant l'école à fermer pour des raisons sanitaires. Quelle déception! En plus que le matin, un tournoi de dodgeball était organisé pour les jeunes du primaire. Nous n'avons pas eu l'occasion de nous dire au revoir pour la semaine de relâche. J'espère reprendre mardi prochain, là où nous nous trouvions jeudi, c'est-à-dire, une classe complète et motivée.


La meilleure classe du Nunavik! :)

Le lendemain de la rencontre, mercredi, ma maman nous quittait pour retourner dans son patelin. À 11h00, au milieu de la leçon, j'ai entendu le bruit de l'avion qui décollait, et j'ai pu écraser mon nez dans la fenêtre de la classe, et voir l'avion de ma mère s'envoler au-dessus de la montagne. Je l'ai suivi des yeux jusqu'à temps qu'il ne soit qu'un petit point noir à l'horizon. La chambre d'invités est rangée et prête à recevoir notre prochain visiteur, mon papa. Mes élèves ont bien hâte de rencontrer André!

Ça me fait penser à une chose qui s'est passée en classe, cette semaine. En parlant de l'an prochain, mon élève Annie Ann me demande si nous allons revenir. Toute heureuse, je lui réponds par l'affirmative. Elle me demande si dans 2 ans, nous reviendrons aussi. Je lui réponds alors que bien que je sois très heureuse à Kangirsuk, un jour, je devrai retourner au sud, puisque c'est là que se trouvent les miens, ma famille, mes amis. Ses yeux deviennent tristes et remplis d'incompréhension. Elle me dit que je peux rester ici et que mes parents et amis n'ont qu'à venir me visiter, comme vient de le faire ma maman...J'ai clos la discussion en lui disant que ce serait elle qui viendrait me visiter à Montréal autant de fois qu'elle le voudrait et que je serais toujours heureuse de l'accueillir chez moi, ce qui a semblé la satisfaire. Ils en voient passer des qallunats, les inuit!



La belle Annie Ann, la bouche barbouillée suite à la visite de l'hygiéniste dentaire
Jeudi, nous avons finalement reçu à souper deux ados qui ne cessaient de nous demander si elles pouvaient venir à la maison. Une est en secondaire 1.1 en français, l'autre est en secondaire 2, en anglais. Nous avons appris qu'elles étaient des soeurs biologiques, mais que l'une d'entre elles avait été adoptée à la naissance, par une famille du village. Ces adoptions sont chose commune et fréquente chez les Inuit du Nunavik. Il est parfois difficile de saisir les liens de parenté entre les villageois, mais au bout du 8 mois, nous commençons à en apprendre de plus en plus.
"C'est ta soeur, mais elle n'habite pas chez toi, c'est ça? Vous êtes 6 frères et soeurs, mais 3 habitent dans d'autres villages?"...
C'était très agréable de recevoir ces filles polies et allumées. Nous avons discuté avec elles, leur avons posé des questions sur leur aspirations, leurs rêves. L'une désire travailler comme pilote d'avion, l'autre comme infirmière. Elles désirent aller au collège et revenir ensuite dans leur village. J'espère de tout coeur qu'elles pourront réaliser leur rêve!
Nous leur avons ensuite appris à jouer au Scrabble tout en sirotant des tisanes. L'une des filles est repartie avec des graines à faire germer à la maison puisque durant le souper, elle a beaucoup apprécié les germes amers dans la salade. Elles ont quitté la maison après d'innombrables remerciements!

Voilà!
Je retourne à ma liste de choses à faire durant la semaine de relâche: lire, regarder des dvd, magasiner des sacs d'école pour les élèves sur Internet, nourrir le chat, le chien, les plantes des collègues partis dans leurs patelins, marcher, m'entraîner, profiter du soleil, écouter la radio, faire des siestes.
Ah que la vie est douce pour moi!

Je vous embrasse et vous laisse sur quelques photos.
Samedi matin, je souligne le début de la relâche par un bain de soleil derrière la maison

Visite de l'hygiéniste dentaire
 
On s'habille pour une ride en ski-doo. Conclusion: nous ne sommes pas très téméraires...



Retour des ski-doo sur la baie
Coucher de soleil et parhélie, à gauche du soleil




La salle de gym, en haut de l'aréna. Le dimanche, les enseignants s'y rassemblent pour pédaler, courir et se faire des gros muscles! 



Les corbeaux (ou corneilles?) se posent désormais sur les glaces...

Un brin de relaxation, en observant le paysage!


samedi 20 novembre 2010

Prière exaucée: routine chambardée

Bon samedi!
Comme je vous le disais dans le dernier billet, il est difficile de sortir de notre routine. Cette semaine, je n'ai pas même eu besoin de forcer les choses, la vie s'est chargée de me divertir...pas toujours de manière agréable, par contre!

Dimanche, après avoir mangé un peu trop de chocolat avant d'aller au lit, un vague mal de coeur que j'associais à cet abus m'a pris...et m'a réveillé quelques heures plus tard pour une nuit en tête-à-tête avec mon organisme...Au petit matin, je tentais de rejoindre quelqu'un à l'école pour signaler mon absence, mais finalement, c'est mon téléphone qui a sonné. Une collègue m'a annoncé que le secteur francophone au secondaire était fermé puisque les deux enseignants avaient été malades toute la nuit...comme moi! Finalement, ce sont 7 enseignants qui ne se sont pas présentés à l'école ce lundi. Ah! Les avantages de vivre collés les uns sur les autres! D'autres personnes ont également été malades dans la communauté, ainsi qu'un chat. Maintenant, tout est rentré dans l'ordre, mais nous ne saurons ce qui s'est produit...épidémie, quelque chose dans l'eau? Je suis retournée à l'école seulement le mardi midi, affaiblie mais heureuse de pouvoir enfin être en station debout plus que 15 secondes. Mes élèves semblaient heureux de me revoir, j'ai même eu droit à une lettre d'amour de mon élève: Je t'aime avec Marie! (Bon...un travail sur la structure de phrase s'impose je crois!)


Avec mes élèves, mardi lors de mon retour au boulot.

Photo prise lors de la récréation d'après-midi (2h45). C'est notre maison. Petit jeu: pourrez-vous trouver Nicolas sur l'image?


Durant ma convalescence, la neige est tombée et les ski-doo sont sortis!  C'est très chouette de voir les ski-doo dans la rue...un peu plus bruyant que les 4 roues, mais ça semble si ludique! J'espère avoir la chance d'en faire éventuellement! Certains sont par contre un peu téméraires: lors de notre marche, nous avons vu un ski-doo tirant à toute allure un traîneau sur lequel était un jeune enfant...! Je n'ose imaginer ce qui aurait pu arriver au détour d'une courbe ou de l'autre côté d'une côte...
L'arrivée de la neige nous motive à sortir marcher davantage. J'en ai profité cette semaine pour prendre en photo le village tout illuminé.



Un ami se joint à nous pour la marche!
La semaine est passée si vite, d'autant plus que quelques activités parascolaires étaient à l'horaire cette semaine. Ainsi, nous avons eu la visite de l'hygiéniste dentaire qui nous a enseigné la technique d'un bon brossage de dents. Chaque élève a une brosse dans la classe et après le dîner, c'est un élément de la routine du début d'après-midi. Je dois également, après le brossage, donner à mes élèves un comprimé de fluor.

Aussi, cette semaine était la semaine de prévention de l'alcool. Une intervenante est venue sensibiliser les élèves à la problématique de l'alcool. Chaque enfant semblait avoir ses propres anecdotes. Un concours de dessins étant organisé, j'ai pu constater que plusieurs enfants avaient décidé d'illustrer une scène de violence conjugale liée à l'abus d'alcool. Situations vécues ou histoires entendues? 3 élèves par classe auront la chance de remporter une bonne somme: 50$ pour le 1er prix, 30$ pour le 2e et 20$ pour le 3e. Sur 14 élèves, dont 6 étaient absents, les chances sont bonnes!
De plus,  une corvée était organisée pour nettoyer le village de tous les 10 onces de vodka jonchant le sol. Un peu difficile avec cette neige tombée, mais avec une récompense de 2$ par bouteille ramassée, on peut creuser un peu...!

Finalement, l'ancien joueur de hockey et responsable d'un programme visant à motiver les jeunes du Nunavik à fréquenter l'école, Joey Juneau, était en visite dans le village avec d'autres responsables du programme. Ainsi, mon cher Bobby est arrivé pour la première fois de l'année à l'heure et est resté toute la journée dans la classe. Une première! Malheureusement, il a du trouver l'expérience difficile puisque je ne l'ai pas revu les deux journées suivantes...Je ne sais pas si ce programme contribuera à une présence plus constante de Bobby en classe, mais les élèves étaient bien impressionnés de croiser Joey Juneau dans les corridors. Eva a même obtenu un autographe...sur la manche de son manteau!

Cette semaine un brin décousue s'est conclue vendredi par le premier semblant de blizzard de l'année. C'est donc emmitouflée dans mon gros manteau que j'ai marché péniblement, la neige dans les yeux, les bottes s'enfonçant dans la neige, les quelques 100 mètres me séparant de l'école. Tout l'avant-midi, nous avons entendu le vent siffler et vu la neige balayée sur la montagne trônant dans la cour arrière de l'école et visible de notre classe. L'ambiance était survoltée dans la classe et moi, en méchante maîtresse d'école, j'ai tenté de leur faire faire un examen de mathématique, pour m'assurer des notes que je leur attribuais dans leur bulletin, dû pour le début de la semaine prochaine. Les élèves ont tenté de se concentrer sur leur feuille, à l'abris des regards indiscrets de leurs compagnons de classe, dans leur petites maisonnettes improvisées. C'est à force de cris, de menaces, de grognements, que j'en suis venue à bout. Pas facile les évaluations! "Comme ça Marie?" Je ne sais pas...c'est à toi de jouer maintenant minou! "Moi fatiguée", pleurnichait une autre...La notion d'effort et de persévérance est assurément à développer chez certains élèves!


Finalement, un mot du directeur remplaçant est venu soulager et l'enseignante et les élèves: "en raison de la température, il n'y aura pas d'école pour les élèves cet après-midi". YOUPPI!!! C'était mieux ainsi, de toutes façons, je ne crois pas que j'aurais réussi à faire travailler davantage mes moineaux en après-midi! Les élèves ont donc quitté dans l'autobus improvisé. En effet, l'autobus scolaire est tombé en panne la semaine dernière, c'est donc dans une boîte de pick-up que les enfants retournent chez eux.

Photo prise vendredi matin, avant de me rendre à l'école.
Notre petite maison semble si vulnérable dans toute cette blancheur.
La neige bloque la vue d'une des fenêtres du salon!

Ce matin, le soleil est revenu, il brille et me chauffe la nuque tandis que je vous écris. Nous devrions aller marcher un peu plus tard et admirer toute la blancheur et l'immensité qui nous entoure.
Le décompte se poursuit, 4 semaines avant le retour. J'ai si hâte que je rêve que c'est toute ma famille qui entre dans ma classe pour me faire une surprise...:)


Je vous souhaite une première neige durable, c'est si beau!

Bonne semaine!
xxx

PS: J'ai oublié de le mentionner plus tôt...Voici le mot d'enfant de la semaine, genre bas de page du Reader's Digest:

À la fin de la journée de classe, je constate à voix haute la noirceur:

-Il fait déjà noir dehors!

Mon élève de répondre:
-Non, bleu.

C'est vrai...Et les couleurs sont bien acquises pour mes beaux élèves!

dimanche 14 novembre 2010

La noirceur, l'ennui...et la beauté!

Bon dimanche!

Une semaine sous le signe du cirque, de la nature et de l'ennui...un peu!

La température
C'est incroyable comme le temps d'ensoleillement diminue rapidement! Depuis le changement d'heure de dimanche dernier, nous voyons le soleil se coucher vers les 3h15. Évidemment, les lueurs dans le ciel perdurent plus longtemps, mais par journées grises, nous sentons la lumière diminuer dès 2h30. J'adore ça! Et jusqu'à notre départ le 17 décembre, les jours continueront à diminuer. Nous devons nous dépêcher, la fin de semaine, à sortir afin de bénéficier de la lumière du midi.

Coucher du soleil derrière notre douillette demeure...à 3h05.

3h10

La Lune prête à prendre la place du Soleil...dès 2h30.



4h05

Sinon, la température est toujours aussi changeante: de la neige, de la pluie, du temps doux, du temps froid, du vent...Hier, lors de notre marche, le vent soufflait si fort qu'il nous a incité à retourner à la maison, nous préparer des chocolats chauds et réchauffer nos doigts engourdis et douloureux. Mon manteau Canada Goose trouvera bientôt sa place sur le crochet dans l'entrée.

L'école
Une splendide semaine de quatre jours, vu un congé jeudi, non pas pour le Jour du Souvenir, mais bien pour souligner le 35e anniversaire de la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
Je suis toujours sous le charme de mes 14 élèves, parfois dissipés et nonchalants, mais la plupart du temps travaillants et si gentils.
Ils font preuve de plus en plus d'autonomie. J'en ai eu la preuve vendredi, lorsque j'ai voulu rencontrer individuellement tous les élèves dans le corridor afin d'écouter leur lecture. Pendant plus d'une heure, mes cocos ont travaillé seuls dans la classe, sans cris, sans larmes. Évidemment, j'avais droit à tous les 3 minutes à un élève qui venait me voir afin de demander: "comme ça, Marie?" (ils ont constamment besoin d'être rassurés), mais j'ai également vu, pour une rare fois, des élèves expliquant le travail à un autre.
Aussi, j'ai un élève qui explose parfois en classe. Son incompréhension ou un refus lui font lancer son crayon ou pleurer et crier. Depuis quelques semaines, il réussit de plus en plus à se contrôler. Cette semaine, un geste de sa part m'a particulièrement touchée. Alors que je travaillais dans le corridor avec un sous-groupe (oui, encore le corridor! Avec une classe multi-niveaux, je recherche des endroits paisibles afin de travailler plus en profondeur avec certains...), ce garçon est passé afin de se rendre à la fontaine d'eau. En arrivant près de moi, il m'a caressé les cheveux. J'ai été très émue par ce geste tout doux, de ce garçon si émotif. Tous les jours, je remercie le hasard, la vie, le destin, peu importe quoi, mais je suis reconnaissante d'être atterrie dans ce village, dans cette classe! Dans ce cocon, la violence n'est pas très présente. Lorsqu'on sort dans le corridor ou dans la cours de récréation, nous y sommes confrontés, mais beaucoup moins que dans d'autres villages.
Avec le bulletin qui sera remis dans quelques jours, les élèves doivent travailler fort et, pour  bien finir la journée, nous faisons parfois des arts. Cette semaine, afin de rester en lien avec le thème abordé en classe, soit le corps humain, nous avons réalisé des personnages humain en pâte à modeler. J'ai beaucoup ri en voyant le travail d'une de mes élèves. Reconnaîtrez-vous ce couple de Kangirsuk accompagné de leur petit chat?
Marie, Nicolas, Nanette et ...l'amour!

Non-respect du thème du corps humain, mais avec ce sourire, comment ne pas l'encourager?

La vue de la fenêtre de la classe.

Aussi, cette semaine, le cirque était en ville! Depuis quelques années, la compagnie Cirqiniq, basée à Kuujjuaq, offre des ateliers intensifs de cirque aux élèves du secondaire, partout au Nunavik. Donc tous les soirs, après les cours, certains élèves bénéficiaient des conseils de Laurence et de Marsha afin de peaufiner leurs techniques. Samedi soir, nous avons eu droit à un spectacle. Les élèves nous ont présenté leurs numéros, accompagnés par les douces mélodies d'accordéon, jouées par Laurence.



Des spectatrices comblées


Pêle-mêle
Le courrier
Finalement, nous avons reçu des lettres qui s'étaient perdues dans la poste: une lettre de notre amie et sous-locataire, Rachel; lettre qui a décidé de continuer son voyage jusqu'à Kangiqsujuaq, village plus au nord que le nôtre, avant de nous revenir. Fiou! C'était une lettre contenant des chèques de nos compagnies d'assurance! Nous avons eu chaud. Peut-être parti dans le même North trip, un DVD de Zip.ca, déclaré jamais reçu, qui nous est finalement arrivé plusieurs semaines après sa date d'envoi...cassé en deux! Tout arrive à point à qui sait attendre...mais peut-être pas si à point que ça! :)

L'ennui
Cette semaine, j'ai ressenti l'ennui de la routine plus intensément pour la première fois depuis notre arrivée. Ça fait maintenant 3 mois que nous sommes ici, donc les choses ont perdu leur aspect exotique sous notre regard. Je suis parfois exaspérée par le fameux triangle de mes journées: maison-école-Coop, tout ça concentré sur 75 mètres. Le soir, je suis fatiguée, donc un autre triangle se crée dans la maison: internet, télévision, préparation des repas.
Évidemment, nous lisons beaucoup aussi, mais après 150 pages, l'envie de faire autre chose nous prend. Popote, marches, exercice...On fait vite le tour des options! Voir les gens nous fait du bien, sortir aussi. Je suppose que cet ennui est normal à 5 semaines de notre premier retour en sol montréalais. Déjà, durant la fin de semaine, mon ennui s'est envolé. Ça dépend des jours, certains jours, je vis très bien avec les divertissements limités, d'autres, je me sens comme un lion en cage.

La grande marche de la semaine
Suite à une discussion entre Nicolas et moi sur ce que nous pouvions faire pour repousser l'ennui, nous avons convenu de filmer davantage d'ici notre retour pour offrir quelques paysages à notre entourage. Samedi, nous nous sommes donc habillés chaudement, prêts à affronter le vent et le froid du nord. Voici le résultat de notre expédition, qui nous a offert des images plus belles les unes que les autres: ciels pastels, territoire immense, eau turquoise, coucher du soleil de feu...Il suffit de marcher quelques centaines de mètres pour se retrouver au milieu d'un immense territoire de roches, de blanc, de beau. Voici donc en images ce qui est bien difficile pour moi à décrire:










Si petit, au milieu de cet immense territoire.
La cible de Nicolas? Un petit Inuksuit.


L'aéroport, au sommet de la montagne.


samedi 6 novembre 2010

La première semaine complète?

Bon novembre!

Un nouveau mois qui commence et qui amène avec lui le froid mordant et la noirceur. Je me lève désormais avant le soleil et il nous quitte vers les 17h00...Comme plus au sud, quoi! La différence devrait s'intensifier au cours des prochains mois. La neige ne s'est pas installée pour de bon. Par contre, au loin, on voit la neige sur les montagnes et ça rappelle assez les pistes de ski! Aussi, l'eau commence à geler un peu; le matin, on peut apercevoir une croûte glacée qui se transforme en neige une fois que la marée se retire.


Belle semaine encore une fois et, pour la première fois depuis le début de l'année je crois, nous avons vécu une semaine scolaire de 5 jours, sans activité spéciale, sans renvoi à la maison pour cause de manque d'eau ou de mortalité. Cinq jours qui m'ont paru une éternité, après une fin de semaine très occupée!
Le samedi de l'Halloween nous est rentré dedans! Nous nous sommes improvisés "gardiens d'enfants" afin d'offrir un moment de répit à une collègue, mère d'enfants de 2 et 1 an. Ce que nous n'avions pas prévu, c'est que ce gardiennage coïnciderait avec le moment de la récolte des bonbons. Donc, entre deux tentatives pour divertir les enfants, nous étions interrompus par les enfants désirant des bonbons. Heureusement, l'activité n'a duré que 2 heures! Nous avons ensuite complété notre costume afin d'assister à deux partys...Trop, c'est trop! Suite à cette fin de semaine, je ne pensais qu'à la suivante où je pourrais cadenasser ma porte d'entrée et m'offrir un moment pyjama-lecture-popote!



La neige qui tarde à s'installer n'empêche pas ce garçon de glisser!

Mercredi, j'ai reçu pour souper mon étoile de la semaine, ma belle élève Eva, qui s'est démarquée grâce aux efforts constants qu'elle fournis afin de parler français. C'est accompagnée de sa copine Saviluk qu'elle est venue cuisiner des muffins aux bananes et manger des quesadillas géants "très spicy", selon elle. La rumeur devait s'être répandue au village puisque vers 18h00, c'est 5 enfants qui sont venus cogner en posant la désormais célèbre question: "Can I visit?". Ce fut donc un mercredi soir festif au 250B, Puppuq. Grâce au cd envoyé par ma grande soeur Jojo, mes élèves ont pu faire des chorégraphies sur Lady Gaga et Shakira, artistes très appréciées par les enfants!

Nicolas et moi avons eu la chance de terminer la semaine vendredi avec un cours d'inuttittut donné par une collègue. Nous avons eu droit à un cours privé, puisque nous sommes les deux seuls ayant eu le goût de jouer le rôle d'étudiant après une longue semaine de boulot. Ça en a valu la peine, puisque nous sommes revenus à la maison avec quelques feuilles bien remplies de phrases que j'ai pu tester avec mes élèves en visite cet après-midi. À ma question: "ni-ri-gu-ma-viit?"(Veux-tu manger?), j'ai eu droit à des sourcils bien haussés, mimique signifiant oui! Quel plaisir de pratiquer cette langue quelques fois bien gutturale!

Cette semaine, les arrivages nous étant destinés ont été bien nombreux. Du lot, nous avons reçu une grosse boîte de la part de Lucie, la maman de Nicolas. Une surprise bien originale s'y trouvait: des feuilles d'arbres séchées pour les élèves. Ils étaient bien excités de découvrir la surprise sur mon bureau jeudi matin. Nous les avons utilisées, après les avoir bien senties et regardées, afin de réaliser un bricolage de papillons. Les élèves ont beaucoup apprécié l'attention, merci Lucie!

Sinon, mon quotidien est rempli de petits bonheurs: des élèves qui me saluent de leur fenêtre de salon lorsque je fais mon jogging le samedi matin, des "je t'aime" criés par mon élève Eva lorsqu'elle quitte ma maison, la lumière fantastique lorsque je marche vers l 'école le matin et que je jette un dernier coup d'oeil sur la rivière, les montagnes, le ciel qui s'éclaire...La vie est douce et surprenante par ici. Je suis si heureuse de vivre ce dépaysement, avec mon amoureux si merveilleux, de surcroît!

Je vous souhaite une heure d'extra (on recule l'heure ce soir!) bien remplie. De mon côté, j'en profiterai pour paresser un peu plus et récupérer afin d'être prête pour une autre semaine, complète celle-là aussi, je l'espère!

Un samedi baigné de soleil.

Mon beau s'étant blessé la tête après avoir fait quelques cabrioles dans le but de me faire sourire.

La neige, résidu de la glace s'étant formée avant que la marée ne se retire.

Belle vue par la fenêtre de la cuisine...et sur l'homme idéal et moderne!


Quelle belle enfant!

Les montagnes enneigées.

Ma gang, heureuse de bricoler avec des feuilles de St-Hubert.

Blagues de feuilles.

Le papillon.

Les cuisinières du mercredi.

Muffins bananes-chocolat: durée de vie, une soirée.
À qui sont ces bras protecteurs?



À défaut de sauter sur notre lit, nous leur avons permis le lit d'invité.

Merci pour les feuilles!!!