mercredi 6 octobre 2010

Je suis une poule pas d'tête!

Salutations à vous,

Premièrement, l'internet vient de nous revenir après une jachère forcée de 2 jours, les signaux ayant du se perdre dans les forts courants du nordet. Mine de rien, ça fait du bien puisqu'on passe (et parfois perd) beaucoup de temps sur cette bébitte. Plus de temps pour lire, dormir, chiâler, cuisiner, écouter de la musique...
Je suis quand même heureuse que ce soit revenu puisque ça nous sert dans beaucoup de facettes de notre vie de tous les jours: épicerie, réglage de comptes, commandes de toutes sortes.

Bon, ça y est, cette semaine, je suis une boule émotive. La maladie qui me frappe chaque année depuis le début de ma "carrière" d'enseignante est de retour: le sentiment d'incompétence. N'allez pas croire que je me laisse abattre par une mauvaise passe, ce n'est pas ça, ce n'est que du réalisme. Je connais mes forces et j'ai également conscience de mes faiblesses. Je suis super en ce qui concerne la gestion de classe, la relation est déjà tissée serrée avec mes élèves, ils écoutent (relativement, mais ici, c'est une victoire à chaque jour) et on s'aime déjà d'amour. Je suis également tout une "entertainer", je mets de la vie dans les leçons, même les plus ennuyantes deviennent un prétexte pour laisser sortir ma folie. Maintenant, mes points faibles, qui sont tout de même des compétences essentielles chez une enseignante: la planification, l'évaluation et la didactique. Je ne dis pas que je suis nulle, mais j'ai encore beaucoup à apprendre, à améliorer.

Mon problème cette semaine, c'est la planification. Depuis le début de l'année, j'ai une vision de ce que je dois enseigner à mes TROIS niveaux qui ne parlent et comprennent le français que très sommairement! Par contre, bien que je planifie à peu près mes semaines, il y a toujours des surprises, des ajustements à faire. Alors, je me ramasse plus souvent qu'autrement à planifier à la journée. Je reste donc à l'école jusqu'à 5h00, 5h30 et il n'est pas rare que je parte avec mon sac (si le photocopieur entrait dans celui-ci, il viendrait avec moi à la maison!). J'ai un programme à suivre, je me mets de la pression, je veux que les élèves apprennent, soient stimulés. Difficile de gérer les différences entre mes 3e ou les élèves faibles de 4e et les 5e qui sont assez forts. Je dois consolider l'alphabet avec certains tandis que d'autres lisent déjà de courts paragraphes. Les 2 principaux problèmes que j'ai ciblés sont le manque d'autonomie des élèves et le matériel non adapté. Il n'y a pas beaucoup de matériel conçu pour le "rodage". Donc, je dois accompagner mes élèves sinon, je dois fouiller dans des cahiers, faire des photocopies si j'espère avoir quelques minutes seule avec un sous-groupe. Fouiller et faire des photocopies me grugent énormément de mon temps. Il y a tellement de choses à faire: français, math, art, univers social, sciences et là, on décortique chaque matière: français oral, écrit, lecture et dans lecture: les mots globaux, les sons...Pfffff...Le mal de coeur me reprend! Il ne faut oublier d'ajouter les valeurs et habiletés sociales qu'on a décidés de voir et qui sont essentielles. Vous essayerez de faire comprendre ce qu'est le respect à des élèves qui ne parlent pas la même langue que vous! Bonne chance!! Oh et bien sûr, les imprévus: après-midi Terry Fox, après-midi de jeux extérieurs, pédago forcée. Je n'y arrive tout simplement pas, il faudrait que j'enseigne 24 heures sur 24!

Le problème vient à la base de moi, qui éprouve beaucoup de difficulté à planifier à long terme. Je suis dans ma 5e année d'enseignement et je ne me suis pas améliorée du tout. Je me décourage.
Bref, je cours après mon temps, je suis toujours essouflée. Je suis la prof avec de la craie sur les pantalons, la mèche folle collée dans la bouche et l'hyperactivité omni-présente. Beaucoup de stress, beaucoup.
Heureusement, je suis bien entourée. Nicolas et Mariève essuient mes larmes, mes cris, mes plaintes, m'écoutent, me sont de bons conseils. Si je veux arriver à Noël en un morceau, zen et relaxe, je dois changer mes méthodes...
Je tente, à court terme, de focusser sur les choses qui sont importantes pour moi: l'ambiance dans la classe, le désir d'apprendre. Donc cet après-midi, j'ai dit non au stress, au désir de performance. Petit test de math pour préserver le peu de salive qu'il me reste et bricolage d'automne. Tiens toi!

Bon, je vous laisse, je dois maintenant aller accomplir les 1000 tâches de la vie quotidienne: la vaisselle qui revient plus vite que les marées, mon Josée Lavigueur qui s'empoussière aussi vite que le gras se manifeste dans mes hanches. Merci l'hérédité.

Bon la pédago de vendredi va faire du bien...et le congé de l'Action de Grâce...Une autre semaine de 4 jours!!! Grrrrrr...

Je vous laisse sur des photos de notre petite vie par ici.
Mille bisous stressés vite, vite, tend la joue, l'autre!



On prépare un livre cadeau pour les 4 ans de mon filleul que mes élèves trouvent très cute!

Pendant ce temps, l'homme récure les réservoirs à eau des enseignants avec Pierre-Luc
Nanette, elle, réfléchit au sens de la vie.


Eva s'amuse à nous dessiner, Nicolas (très ressemblant) et moi (un peu moins).

Monica enregistre sa voix sur une machine des années 50  très performante!

De la peinture à doigts, pourquoi pas?

Mes élèves sont appliqués et très participatifs.

Un arbre d'automne, chose inusitée à Kangirsuk.

Oui, un des mots à apprendre cette semaine: automne (comme toi Rose-Aimée!)

...et ça dégénère, évidemment! Peinture à doigts, bonne idée?
Mais la prof garde son sourire, malgré la tempête dans sa tête!

Marie-énervée-et-énervante.
XX

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma soeur! Mon nom sur ton blogue, je capote.
Je pense à toi. Tu es belle et bonne, bon.

Rose
xx

Josianne a dit…

Allo ma soeur !

Chanceux de Louis-Félix ! Je suis juste déçue que Théo a sa fête en juillet car il n'aura pas droit au cadeau collectif ;-)

Je te reconnais tout plein et surtout entre les lignes. Personnellement le contexte que tu vis est tellement parfait pour toi l'improviseuse née ! Car si tu te flagèles sur ta planification, à ce que je lis depuis des semaines, ils vous surprennent toujours avec des trucs inattendus. Alors tu es la perle rare pour eux. Moi en control freak, je serais déjà revenue à Montréal !!

Lâche pas un paquet arrivera bientôt pour te réchauffer dans tes habitudes. Et Josée Lavigueur n'en fait pas partie, malgré notre similaire hérédité !

PS : j'adore toujours autant les photos
PPS : pour le matériel, ça ne pourrait pas être un projet spécial que Nicolas soumettrait à la direction d'école, C.S. ou la CRÉ de votre beau territoire ? Ca prend des outils pour les prochains !

Anne a dit…

Oh non, ma belle louve... Ne sois pas si sévère avec toi-même! Juste la relation que tu as établi avec tes élèves est déjà un accomplissement, ainsi que le fait qu'ils désirent apprendre et soient à l'école plus que l'an dernier (c'est toi qui l'a écrit ça!). Tu n'arriveras pas aux mêmes résultats qu'à Montréal, c'est sûr. Mais, comme dit ta soeur, comment peux-tu planifier avec tous les imprévus? Tu es une perle...

Ah et aussi, je ris encore de la photo de Nanette qui « réfléchit au sens de la vie »! Hahaha!

Unknown a dit…

Salut Marie,
Ce que tu as écrit m'interpelle, d'autant plus que, comme tu sais, je me fais fort d'étudier le "bonheur". Et je suis passé par des événements similaires en 2008-2009... La psychologie positive nous enseigne quelques trucs simples pour nous rééquilibrer. D'après ce que je lis, ton problème n'en est pas d'abord un de compétence mais bien d'attente et de jugement intérieur (autocritique). Si tu mets la barre si haut qu'il est impossible de l'atteindre, tu seras à coup sûr démotivée, frustrée (contre toi-même, pour rien), déçue, triste, etc. et surtout stressée. Cette attitude toute naturelle chez les gens un temps soit peu ambitieux (au sens noble du terme) devient rapidement contre-productive.
Ce que tu comptes faire (et ce qui m'a sauvé du burn-out il y a un peu plus d'un an) est une bonne idée: réviser tes priorité, savoir pourquoi est-ce si important d'atteindre un objectif si élevé qu'il est peut-être inaccessible. Le plus dur est de voir que nos attentes sont trop hautes, parce que, pour nous, elles sont naturelles, réalistes, ce qui n'est pas toujours le cas...
Bonne réflexion et Michelle et moi pensons à vous !
Nic
XX

Éli a dit…

Amitiées de tes deux amies de Puvirnituq! Je ne savais pas comment écrire sur ton blog. Je viens de le découvrir... Lis mon mot sur ton courriel...

À plus

Éli
xxx